Au nom d’Allah, le Clément, le Miséricordieux.

Paix et Salut soient accordés à notre Prophète Sidna Mohammad,

à Sa Famille et à tous Ses Compagnons.

 

 

 

 

Conférence Religieuse

 

 

Animé par :

 

Le professeur Abbès Al Jirari

 

 

Jeudi 23 Ramadan 1415

23 Février 1995

 

 

 

Sur le thème :

 

Les doctrines islamiques entre

les vérités religieuses, les conditions

historiques et les défis du destin

 

 

 

 

         A partir de la parole de Dieu dans son Livre :

 

«Ô vous qui croyez ! Obéissez à Dieu ! Obéissez au prophète et à ceux d’entre vous qui détiennent l’autorité. Portez vos différends devant Dieu et devant le Prophète – si vous croyez en Dieu et au Jour dernier. – C’est mieux ainsi, c’est le meilleur arrangement»                              (Les Femmes IV, 59)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les doctrines islamiques entre

les vérités religieuses, les conditions

historiques et les défis du destin

 

 

 

 

 

Que Dieu me préserve de Satan le lapidé :

Au nom de Dieu le Clément, le Miséricordieux

Prière et Paix soient sur Sidna Mohammad, Sa Famille et Ses Compagnons.

 

Il n’y a de force et de puissance qu’en Dieu le Très-Haut :

«Louange à Toi. Nous ne savons que ce que tu nous as appris. Tu es Celui qui sait, Celui qui est Sage».

 

         «Dieu ! Apaise mon cœur ! Rends aisée ma condition ! Et délie ma langue !»

 

 

 

         Sire, Commandeur des Croyants ! C’est avec des sentiments chaleureux qui remplissent le cœur d’amour et de fidélité, de respect et d’allégeance envers Votre Majesté et dans le but de partager la perspicacité de vue de Votre Majesté à l’égard de la communauté musulmane, dans un souci de développement, de renouveau et d’unification aussi que je vous demande la permission de traiter un sujet dont j’avoue d’emblée, la complexité. Je n’aurai osé l’aborder en présence de Votre Majesté et devant cette honorable assemblée scientifique, si je n’avais la certitude de votre vaste savoir et de votre indulgence et si je n’avais l’espoir de gagner votre compréhension au cas où je ne serais pas à la hauteur de ma tâche.

 

 

 

 

         Je formule le thème ainsi : «Les doctrines islamiques entre les vérités religieuses, les conditions historiques et les défis du destin», par référence au propos du Très-Haut :

 

  «Ô vous qui croyez ! Obéissez à Dieu ! Obéissez au prophète et à ceux d’entre vous qui détiennent l’autorité. Portez vos différends devant Dieu et devant le Prophète ; - si vous croyez en Dieu et au Jour dernier – c’est mieux ainsi, c’est le meilleur arrangement».

«Les Femmes IV, 59»

 

         Avec la permission de Votre Majesté, je subdiviserai mon exposé en trois parties :

 

-         Dans la première partie, je traiterai du verset et de ce qui s’y rapporte.

 

- Dans la seconde, j’exposerai le désaccord entre les Musulmans, ses causes et ses manifestations politiques et intellectuelles.

 

-         Dans la troisième, je proposerai la possibilité de dépasser ce désaccord.

 

 

         Ce verset – Sire – est le cinquante neuvième de la sourate «Les Femmes», qui est très longue, puisqu’elle atteint cent cinquante sept versets et vient après les sourates de «La Génisse» et de «La Famille de ‘Imrane».

 

         Elle comporte un nombre important de principes religieux relatifs à la femme, à la famille, aux liens du mariage, à l’héritage et aux relations de l’Etat musulman avec les autres Etats. Elle traite aussi des gens du Livre, des hypocrites et du djihad (Le combat pour la religion).

 

         Il y a consensus des oulèma – ou presque – sur son origine médinoise, sauf le verset précédent : «Dieu vous ordonne de restituer les dépôts» (IV-58) qui est un verset relatif à la Kaâba, car l’Envoyé de Dieu (P.S), à son entrée à la Mecque, a récupéré la clé de la Kaâba auprès de ‘Uthman Ibn abi Talha et de son cousin Chiba, avant d’entrer dans le temple.

 

         Au moment où il s’apprêtait à en ressortir, le verset est révélé ; il reprend la clé des mains de ‘Abbas et la remet à ses premiers détenteurs en leur disant : «Reprenez-la pour toujours, personne ne vous la confisquera sauf un homme injuste».

 

         La preuve de son origine médinoise est le propos de ‘Aïcha – Puisse Dieu être satisfait d’elle : «Le verset est révélé au moment où j’étais sous le toit de l’Envoyé de Dieu». Elle voulait dire après son mariage avec lui et cela se passait à Médine.

 

         Selon la controverse suscitée par ce verset, il serait révélé, selon certains, lors de l’émigration (Hégire). D’autres prétendent que l’origine en est mécquoise puisqu’il commence par la formule : «Ô, vous les hommes ! Craignez votre Seigneur …», conformément à la théorie selon laquelle toutes les injonctions adressées aux fidèles sont d’origine mécquoise. Mais cela n’est pas toujours prouvé puisque dans la sourate de «La Génisse», qui est médinoise, nous pouvons lire deux versets commençant par une injonction :

 

«Ô, vous les gens ! Adorez Votre Seigneur …» (II - 21)

 

«Ô, vous les gens ! Mangez ce qui licite et bon sur la terre …» (II - 168)

 

 (Alqama et d’autres affirment plutôt que c’est le prologue de la sourate qui est méquois. Cependant, Sire, son origine médinoise est plus probable.

 

         Quant aux circonstances de sa révélation, nous pouvons lire dans le livre de l’interprétation, du Corpus de Sahih al-Bukhari qu’elle est révélée – selon Ibn ‘Abbas – à propos de ‘Abdullah Ibn Hadafa qui était envoyé en mission secrète par le Prophète (P.S) et qui a réuni ses compagnons pour leur demander de ramasser du bois, allumer un feu et se mettre dessus. Ils ont refusé en disant : «Nous ne croyons en Dieu et en Son prophète que pour éviter le feu (Des géhennes). El ils ont soumis le problème au Prophète qui leur a donné raison».

 

         At-Tabari rapporte par référence à al-Suddi, que ce verset est révélé à propos d’un événement survenu à ‘Ammar Ibn Yassir qui était sous les ordres du chef de l’armée Khalid Ibn al Walid. Un homme a offert ses services à ‘Ammar Ibn Yassir qui l’a engagé. Ce qui a contrarié Khalid Ibn al Walid qui s’en est ouvert à l’Envoyé de Dieu (P.S), celui-ci a approuvé  le geste de Yassir, mais il a déconseillé à celui-ci de réitérer un acte pareil sans consulter son supérieur hiérarchique.

 

         Que peut-on dire de la signification de ce verset ? Il comporte deux points :

 

-         Le premier, c’est le respect dû par chacun à Dieu, à Son Envoyé et à ceux qui détiennent l’autorité, cette obligation est en corrélation avec la fidélité. Ce qui signifie que le lien entre la soumission et la justice est justifié par la fait que la soumission signifie que la justice est effective.

 

     L’expression : «Ceux qui détiennent le pouvoir», signifie les princes et ceux qui veillent sur l’intérêt de la communauté : Ouléma, gouverneurs, etc …

 

     En outre, les ouléma, Sire, ont des avis différents quant à la signification de cette expression. Je ne m’étendrai par là-dessus, car Votre Majesté – Que Dieu Vous accorde la puissance – les connaît bien.

 

-         Le second point de ce verset, c’est le recours à Dieu, et à Son Envoyé, c’est-à-dire au Livre Sacré et à la Sainte Tradition, à propos de tout désaccord sur les ‘Usül (les sources de la religion), leurs ramifications et tout ce qui s’en suit, conformément au propos du Très-Haut :

 

     «Quel que soit le sujet de votre désaccord, le jugement appartient à Dieu». (La Délibération XLII – 10)

 

     Le verset à lié le recours au Livre et à la Sainte Tradition à la foi : «Si vous  croyez en Dieu et au Jugement dernier».

 

     J’aimerai parler maintenant des caractéristiques linguistiques et stylistiques de ce verset :

 

- La première caractéristique, c’est la reprise du verbe «Obéissez», sans se limiter à la simple coordination (Des compléments).

 

         Quel est le but de ce trait de style ? C’est pour insister sur l’obligation de l’obéissance au Prophète (P.S), relever son importance et la mettre à un rang supérieur, par rapport à l’obéissance à ceux qui détiennent l’autorité. C’est aussi pour empêcher les fidèles de croire que l’obéissance au Prophète est limitée aux ordres divins transmis par lui au lieu d’être aussi une observance de son comportement global en matière religieuse et sociale. Nous pouvons relever ici une caractéristique : C’est que l’Envoyé de Dieu (P.S) remplit une mission de transmission et d’exécution alors que le rôle de ceux qui détiennent l’autorité se limite à l’exécution.

 

         Il est à remarquer – Sire – que lorsque l’expression «Ceux qui détiennent l’autorité» n’est pas coordonnée dans les autres versets, il n’y a pas reprise du verbe. Ainsi nous pouvons lire dans la sourate de «La Famille de ‘Imrane» :

 

         «Dis : «Obéissez à Dieu et au Prophète !» (III – 32)

 

         Comme nous pouvons lire aussi dans la sourate du « Butin » :

 

         «Obéissez à Dieu et à Son Prophète !» (VII – 20)

 

- La seconde caractéristique est relative à son Propos : «tanaza’tum» (Vous eûtes un différend), qui est un verbe au passé et dont les sens étymologiques est «ta’adaba» (S’attirer mutuellement) et les sens seconds sont : «mu’atat» (Action de se donner quelque chose mutuellement) à «mubadala» (Echange), et munadama qui est une action réservée à la boisson en commun et à ce qui s’y rapporte. Dans la sourate du «Mont» nous pouvons lire :

 

          «Ils se passeront les uns aux autres des coupes dont le contenu ne provoque ni paroles vaines ni péché». (LII – 23)

 

         Al-A’cha, Al’A’cha Qays, surnommé «Sannajat al ‘Arab» (Castagnette des Arabe), qui est contemporain de la Révélation de l’Islam, mais ne s’y est jamais converti, a dit dans un vers :

 

«J’ai échangé avec eux un bouquet de basilic contre un breuvage aigre-doux».

 

         Il a échangé avec ses compagnons des bouquets de fleurs odorantes contre – sauf votre respect – un vin au goût à la fois aigre et doux. Le filtre du récipient avec lequel on versait ce breuvage est humecté. C’est la preuve que la consommation du vin subsistait encore à cette époque.

 

         «Tanazu’» signifie aussi l’action de se serrer la main. On dit «naza’tu bana nahu», qui veut dire : «Je lui ai serré la main». Un poète de l’époque omeyyade qui s’appelle Ar-Ra’i al-Numayri a dit :

 

         «Yunazi’una rakhs al-banan

                                      ka’annama Uynazi’una huddab raîtin mu’addadi».

 

         «Rakhs al-banan» veut dire «Celui aux doigts fins», «raït» ; «Un tissu léger», «huddab» : pluriel de «hadb» qui veut dire «Frange de tissu», et «mu’addad» ;  «Rayé».

 

         (Ses doigts fins nous caressent comme la frange d’un tissu léger rayé).

 

         «Tanazu’» signifie aussi «Différend». A ce propos Tamim Ibn Muqbil, un poète qui a vécu à cheval entre la période anté-islamique et islamique, a dit :

 

         «Naza’at albabuha lubbi bimuqtasrain mina al ahadith-hatta zidnana linan». Ce qui veut dire qu’il y eut combat sentimental entre les deux amants qui finit par la douceur du plaisir, d’où – Sire – l’emploi du mot «tanazu’», dans le sens de divergence et parfois de forte divergence à la suite de discussion sur le Coran ou d’échange d’arguments, etc … Dans la sourate du «Butin», le Très-Haut a dit :

 

         «Ne vous querellez pas, sinon vous fléchiriez et votre chance de succès s’éloignerait». (VIII – 46)

 

         Et par métaphore, «tajadub» signifie «Querelle».

 

- La troisième caractéristique concerne l’expression «fi chay’» (en quelque chose). «chay’» (Chose) est un nom inanimé, indéfini, vague. Ici, il renvoie à toute chose.

- La quatrième caractéristique concerne l’expression «fa rudduh» (Portez vos différends devant Dieu), qui a un sens figuré, car le sens premier est «Rendre un bien à son propriétaire».

 

- La cinquième et dernière caractéristique concerne l’expression : «Si vous croyez en Dieu», qui est une condition qui laisse entendre incitation et dissuasion.

 

         L’allusion à la foi dans cette phrase hypothétique est réitérée après «Ô vous qui croyez», laissant entendre : «Si vous croyez vraiment».

        

         Avec la permission de Votre Majesté, je passe à la seconde partie de mon exposé.

 

         L’Islam est destiné, en fait, aux Arabes et à toute l’humanité. C’est une religion qui fait appel à l’unité, à la science et à la raison avec tout ce que comportent ces composantes comme effet sur la transcendance de l’âme, l’épanouissement de l’esprit, l’éducation morale, la formation de l’individu et de la société dans le cadre d’une communauté unie englobant toute l’humanité dans la foi et la tolérance.

 

         L’Islam est apparu du vivant du Prophète (P.S) clair et net aussi bien sur le plan du crédo que sur le plan juridictionnel et organisationnel ; dans ces conditions, il ne suscitait pas de schisme ni de scission.

 

         Ainsi, les principes juridiques avec ce qu’ils comportaient comme droits et devoirs étaient bien observés. On ne discutait pas la question de credo ni ce qui pourrait troubler les esprits comme la question des attributs de Dieu ou tout ce qui se rapporte à l’entité divine précisée dans le cadre du «tanzih» (Dépouillement de Dieu de tout anthropomorphisme), comme cela est révélé dans le Coran et la Sainte Tradition.

 

         Mais que s’est-il passé ? C’est que les Musulmans ont dévié dans leur pensée et leur politique de la ligne de conduite suivie à l’époque du Prophète.

 

         Nous pouvons ramener cela à deux phénomènes :

 

         Le premier est relatif à la politique, suite au problème créé par la mort du Prophète (P.S) et qui est un problème de succession. Si les Musulmans sont libres de choisir le régime qui leur convient, ils devront cependant respecter trois principes : Unicité, justice et concertation.

 

         Avec la permission de Votre Majesté, je présenterai quelques données essentielles dans le domaine politique. A la mort du Prophète, les Musulmans se sont réunis dans le Sakifa des Bani Sa’ida et ont élu Abu Bakr – Puisse Dieu être satisfait de lui – qui désignera plus tard comme successeur ‘Umar Ibn al Khattab – Puisse Dieu être satisfait de lui – qui formera une assemblée consultative constituée de six compagnons : ‘Uthman, Ali, Talha, al Zobéir, Abd al Rahman ibn ‘Awf et Sa’d ibn Abi Waqqas – Puisse Dieu être satisfait d’eux – Il leur adjoindra son fils ‘Abdallah, à la seule condition qu’il n’ait d’autre attribution que celle de départager l’assemblée en cas d’égalité des voix. Cependant, un incident aux graves conséquences s’est produit dans le domaine politique. Il s’agit de l’assassinat de ‘Umar Ibn al Khattab - Puisse Dieu être satisfait de lui –poignardé par ibn Lu’lu’a. ‘Uthman – Puisse Dieu être satisfait de lui – sera élu pour lui succéder. Mais il affrontera un grand problème : la vengeance de ‘Ubayd Allah ibn ‘Umar qui a frappé al Harmazan, prince persan, ainsi que Juféina, un chrétien et a fait irruption dans la maison de Abu Lu’lu’a pour tuer sa fille.

 

         ‘Uthman – Que Dieu soit satisfait de lui – a résolu le problème en pardonnant à Ibn ‘Umar qui a dit : «Il a tué hier, aujourd’hui sa fille est tuée». Ce n’est pas là une solution. En plus de la grâce, ‘Uthman a dédommagé sur son propre argent la famille de la victime.

 

         Mais cet arrangement n’a pas plu aux Musulmans, surtout ceux d’entre eux qui n’approuvaient pas totalement la politique de ‘Uthman – Puisse Dieu l’agréer.

 

         Ce qui a engendré un soulèvement et on lui a demandé d’abdiquer, mais il va invoquer le droit et le jugement divins. C’était la première fois qu’on avançait un tel argument. Les insurgés feront irruption chez lui et le tueront. Puisse Dieu lui accorder sa Miséricorde. Ensuite, on fera acte d’allégeance à ‘Ali – Puisse Dieu l’honorer. A son tour, il affrontera deux problèmes :

 

-         Le premier, c’est la restauration de l’ordre.

-         Le second, c’est l’assassinat de ‘Uthman.

 

         Ainsi, il se heurtera à deux courants d’opposants : Le premier est dirigé par ‘Aïcha – Puisse Dieu être satisfait d’elle – secondée par Talha et Zubayr. Ce dernier se désistera par la suite. Et la bataille du Chameau éclatera en l’an 36 de l’Hégire.

 

         Le second courant est dirigé par Mu’awiyya et la bataille de Saffayn éclatera en l’an 37 de l’Hégire.

 

         Cette bataille donnera lien à un arbitrage, le recours au Livre Sacré pour trancher le litige opposant les Musulmans. Deux arbitres sont désignés par les deux parties en conflit : Abü Musa al-Ach’ari représentant ‘Ali et ‘Amr Ibn al ‘As représentant Mu’awiyya. Les deux parties ont convenu d’accepter la décision commune des deux arbitres. Abü Musa est le premier à donner son avis. Quand vient le tour de ‘Amr Ibn al-‘As, il dit : «Celui-ci (montrant al-Ach’ari) a écarté celui qu’il représente. C’est aussi mon avis. Mais moi, je confirme l’investiture de celui que je représente».

 

         Il en découlera la scission du Khalifat en deux zones d’influence : L’Irak et le Hidjaz resteront sous l’autorité de ‘Ali, alors que la Syrie et l’Egypte passeront sous l’autorité de Mu’awiyya. Ce qui a aggravé la situation et ce qui a poussé certains Musulmans, les Kharidjites selon une version, à envisager de résoudre le problème par l’assassinat des trois hommes : ‘Ali, Mu’awiyya et ‘Amr Ibn al-‘As, la nuit du 17 Ramadan de l’an 40.

 

         Mais seul ‘Ali – Puisse Dieu l’honorer – sera assassiné. Ses compagnons, les Chi’ites, se regrouperont autour de son fils al-Hassan – Puisse Dieu être satisfait de lui. Mais il était paisible et Mu’awiyya est arrivé à le rallier à ses côtés en lui faisant des promesses.

 

         Al Hassan mourra en l’an 50. On rapporte qu’il est mort empoisonné. Son frère al-Hussayn – Puisse Dieu être satisfait de lui – lui succèdera. Il était, comme son père intraitable. Il regroupera autour de lui les partisans de son frère et tentera d’entrer en action qui se terminera par la bataille de Qarbala en l’an 61 de l’Hégire.

 

         Par voie de conséquence, le Khalifat – Sire – a pris une dimension nouvelle concrétisée par la dynastie Omeyyade qui a établi solidement son pouvoir. Ensuite, viendra le tour de la dynastie Abbasside. Cependant une forte opposition à ces deux dynasties verra le jour, représentée par les Kharidjites d’une part, et par les Chi’ites d’autre part.

 

         Le second phénomène est relatif à l’évolution de la pensée islamique influencée par certaines questions soulevées par les adeptes des autres croyances religieuses comme l’anthropomorphisme des Juifs, et particulièrement par ceux d’entre eux qui se sont convertis à l’Islam de bonne ou de mauvaise foi. C’est le cas de ‘Abdullah Ibn Saba’ à propos de l’entité de Dieu, ou de la sanctification de l’Imam au point de le diviniser.

 

         De même, certains Chrétiens dont Yuhanna le Damascain, ont soulevé des questions relatives au libre arbitre.

 

         Ainsi, la réaction intellectuelle la plus évidente ne fut autre que l’émergence de la science du Kalam (La théologie) pour défendre le credo musulman par des arguments rationnels axés sur deux points : les attributs divins, le libre arbitre et le déterminisme.

 

         Cette nouvelle science engendrera deux attitudes chez les Musulmans :

 

- Une attitude de consentement reposant sur des versets coraniques qui le légitiment.

 

         «Dis : «Apportez votre preuve décisive». (La Génisse  II -111)

        

«Discute avec eux de la meilleure manière». (Les Abeilles  XVI - 125)

        

- Une attitude de refus reposant aussi sur le Coran, ainsi que sur la Sainte Tradition. Ils prétextent le propos de Dieu le Très-Haut :

 

         «C’est lui qui a fait descendre sur toi le Livre. On y trouve des versets clairs. La mère du Livre – et d’autres figuratifs. Ceux dont les cœurs  penchent vers l’erreur s’attachent à ce qui est dit en figures, car ils recherchent la discorde et ils sont avides d’interprétation ; mais nul autre que Dieu ne connaît l’interprétation du Livre. Ceux qui sont enracinés dans la science disent : «Nous y croyons ! Tout vient de notre Seigneur !». Mais seuls les hommes doués d’intelligence s’en souviennent».                                                                              (La Famille de ‘Imrane  III – 7)

 

         Parmi les Saintes Traditions, il y a ce propos du Prophète (P.S) : «Aucun peuple ne dévie du droit chemin dans lequel Dieu l’a guidé sans retrouver la polémique».

 

         Cette opposition de ces deux positions est à l’origine de la scission des Musulmans en deux tendances :

 

-         La première est représentée par ceux qui croient au libre arbitre, c’est-à-dire à la liberté absolue de l’homme. Ils allèguent que tout ce qui est advenu aux Musulmans est de leur propre fait et que la Providence n’y est pour rien. Parmi leurs représentants, on peut citer Ma’bad al-Jahni et son disciple Ghaïlan le Damascain.

 

-         La seconde est représentée par les déterministes qui croyaient que l’homme n’est pas libre de ses actes. Leur chef de file était Djahon Ibn Safwan qui pense que la foi consiste en la connaisance de Dieu et que l’athéisme est le fait d’ignorer Dieu Tout-Puissant. Il pense que l’acte relève de Dieu et que l’attribuer à l’homme est une simple clause de style. Il réfute les attributs de Dieu en disant : «La science divine est une innovation», ce qui l’a poussé à croire que le Coran est créé.

 

         Sire, sous l’influence de ces deux facteurs, l’un politique et l’autre intellectuel, l’Islam se dirigeait vers la divergence qui était au départ politique pour devenir plus tard dogmatique. Cela revêtait des formes d’interprétation dialectique telles qu’elles en devenaient abusives, afin de les rendre conformes à une situation particulière ou une réalité qu’on veut imposer. Il s’ensuivit une ramification des modes de pensée et une diversité dans les voies de la démonstration.

 

         Ainsi, la question de la foi et du reniement était considérée du point de vue du concept de la foi. Cette foi est-elle une conviction intime ou est-ce un acte de foi exprimé verbalement ? Ou bien cela nécessite-t-il sa traduction en acte ?

 

         C’est sous cet angle que chaque tendance politique regardait l’autre. Les Kharidjites liaient la foi à l’action et considéraient que tout un chacun qui ne les réunissait pas toutes les deux est un pécheur et que toute personne qui a commis un grand péché est vouée aux géhennes. Les Kharidjites ont confirmé le Khalifat de Abu Bakr, de ‘Umar, de ‘Uthman à ses débuts, ainsi que celui de ‘Ali avant l’arbitrage. Ils considéraient ceux qui ont accepté l’arbitrage, les «Compagnons de chameau», Mu’awiyya, les Omeyyades et les Abbassides comme des pécheurs qui ont commis un péché capital.

 

         Quant aux Chi’ites, à l’exception de la tendance des Zaïdites qui prônaient le juste milieu, ils considéraient comme dans l’erreur puis impies tous ceux qui ont usurpé le Khalifat et que le Khalifat revenait naturellement à ‘Ali après la mort du Prophète comme cela est, disaient-ils, mentionné explicitement. Ils s’appuyaient en cela sur des hadiths dont celui rapporté par Ghadir al Khamm et qui date du retour du Prophète (P.S) du pèlerinage : «Mes adeptes sont ceux de ‘Ali. Puisse Dieu soutenir ceux qui le soutiennent et combattre ceux qui le combattent».

 

         Mais les Sunnites ne voient dans ce hadith que l’estime accordée à ‘Ali – Puisse Dieu l’honorer – et le rang qui lui revient et que personne ne peut lui discuter. Par contre, les Chi’ites considérent que l’Imamat est l’un des piliers de la religion et que le Prophète (P.S) ne devait ni négliger ni laisser à la masse pour en décider. D’autre part, ils considérent qu’attribuer le titre de khalife à quelqu’un en dehors de ‘Ali était une injustice commise à son encontre ou bien pour se protéger contre la vindicte.

 

         En outre, d’autres sectes ont vu le jour : les «Murji’a» qui étaient pacifistes et neutres. Ce qui les a incités à dire que même celui qui a commis un péché grave demeure croyant et que son sort est laissé à Dieu le Très-Haut car ils réduiront la question de l’action à la foi. Pour eux, la première est affaire de croyance (en Dieu) tout simplement et qui ne nécessite aucune action.

 

         Les «Mu’tazilites» ont opté à leur tour pour la neutralité et affirmé que celui qui a commis un péché grave n’était ni croyant ni athée, mais tout simplement libertin. Et dans ce cas, il est dans une position intermédiaire. Ils ont aussi affirmé sans la nommer que l’une des deux tendances était dans l’erreur. En matière de science du Kalam (Théologie), ils appuyaient ceux qui croyaient au libre arbitre et sur le point des attributs de Dieu – les Déterministes. Il est manifeste qu’ils rationalisaient la question de la religion.

 

         Dans ce mouvement d’idées opposées, naîtra une tendance modérée prônant le juste milieu dans la mouvance sunnite et consensuelle. Ce dernier terme signifie – Sire – au sens large ce qui s’oppose au Chi’isme. Et dans son acception restreinte, il désigne ceux qui observent les traditions du Prophète (P.S) et suivent le chemin des Compagnons du Prophète de première et de seconde génération.

 

         Selon les Chi’ites, ce sont les Sunnites qui ont approuvé la désignation des khalifes orthodoxes. Cette tendance sunnite s’est développée grâce à Abu al-Hassan al-Ach’ari qui a essayé de rationaliser le credo musulman.

 

         Dans cette atmosphère de divergences politiques et en raison de l’extension géographique de l’Islam, ainsi que de la complexité  des problèmes qui se manifestent, des courants ont émergé pour juger et réglementer les principes de jurisprudence et pour étudier les faits et leur accorder les sanctions adéquates. Ce qui peut être considéré comme une étape de «L’ijtihad» (L’effort). Cela a donné lieu aux écoles juridiques connues : Celles de Abu Hanifa, de Imam Malik, de al Chafi’i, de Ibn Hanbal et de Ja’far as-Sadiq, sixième des imams duodécimains, de Zayd Ibn ‘Ali Ibn al Husayn Ibn Abi Talib, et de ‘Abdullah Ibn ‘Abad al-Kharidji.

 

         Ces doctrines juridiques (Fiqh) ont pu trouver des échos – avec certaines différences d’une doctrine à l’autre – dans l’opinion publique musulmane. Ce qui a empêché la science du Kalam quoique pût faire al Ach’ari pour se rapprocher des gens – de dominer. Il en est résulté que l’effort se pratiquait dans le cadre d’une doctrine donnée au point qu’il est devenu une contrainte qui a engendré paradoxalement par la suite l’immobilisme, phénomène spécifique aux siècles précédents et qui perdure encore.

 

         Je passe maintenant – Avec Votre permission, Sire, à la troisième et dernière partie de mon exposé. C’est en fonction des positions politiques et des fondements du mode de pensée adopté que les sectes musulmanes, des Sunnites aux Chi’ites et aux Kharidjites, se sont constituées.

 

         En vertu de l’effort au sein de chaque secte ou groupe se sont constituées des doctrines secondaires, certaines présentent un aspect lié au credo et d’autres à la jurisprudence. C’étaient des groupes qui voyaient la légitimité sous un angle spécifique en confondant dans un certain rapprochement, religion et politique, grâce parfois au hasard ou souvent dans un exercice d’interprétation forcé.

 

         Point n’est besoin d’argument pour prouver que ces prises de positions étaient conjoncturelles. Elles étaient la conséquence de circonstances données, marquées par la contradiction et la confrontation. Ce qui n’est plus d’actualité dans le monde musulman contemporain, à moins qu’il ne s’agisse de résidu injustifiable de nos jours, qui continue à réglementer les rapports entre Musulmans, même si ce résidu est consigné dans le registre de l’Histoire.

 

         Nous avons vraiment besoin d’une part, de distinguer ce que relève simplement de l’Histoire, de certaines conditions, de ce qui relève d’autre part, réellement de la religion.

 

         Par ailleurs, nous devons distinguer aujourd’hui ce qui relève du credo de ce que relève des principes de jurisprudence.

 

         Pour ce qui est du credo, il n’y a pas de place pour la divergence, car il n’est pas soumis à l’effort contrairement aux principes de jurisprudence dont certains sont des invariants indiscutables, mais d’autres sont soumis aux aléas et dépendent des contingences. Et même, dans ce cas de figure, le dépassement du désaccord est possible. Ainsi, Sire, nous avons dans notre doctrine, qui règle extrêmement importante, en matière de rapprochement des doctrines, qui incite à prendre en considération la différence et à la dépasser par l’échange de jugements, surtout quand les arguments sont probants dans la doctrine opposée.

 

         Ainsi, si nous tenons compte de cette règle et d’autres règles semblables, si nous considérons bien leurs finalités et les orientations qu’elles donnent à leurs dispositions, nous constaterons qu’il est possible de rapprocher les doctrines, voire d’arriver à un consensus après avoir affronté la divergence, comme disent la plupart des spécialistes des sciences des «Usül».

 

         Nous devons donc bien étudier l’Islam dans ses fondements et ses vérités et avoir en vue l’avenir, la destinée et les besoins des Musulmans.

 

         De nos jours, les Musulmans affrontent une réalité marquée par les contradictions et les conflits. Parmi les manifestations de cette réalité, on peut relever le sous-développement. Les Musulmans sont déroutés aujourd’hui face à la réalité dans laquelle ils se débattent avec leurs différences politiques et doctrinales, leurs divergences à propos de l’attachement à la religion, à la langue, au patrimoine culturel et à l’identité d’une façon générale.

 

         En outre, ils affrontent un problème civilisationnel qui révèle un véritable tiraillement de leur personnalité. Parmi les conséquences de ce problème, on constate qu’ils se plaignent de l’instabilité du credo en raison des innovations et des déviations largement répandues et du gel conséquent à l’arrêt de l’effort et de l’induction.

 

         La jurisprudence ne perçoit plus l’essence des choses ni leur finalité. En conséquence, elle se heurte à l’impossibilité de résoudre les problèmes contingents de la réalité.

 

         Enfin ils dressent le constat de l’échec de la raison qui empêche la créativité dans les différents domaines de la science.

 

         D’où la nécessité d’une appréhension saine de l’Islam, d’une perception lucide de ses vérités et de ses secrets, c’est-à-dire d’atteindre à ses principes, ses spécificités, ses jugements, ses finalités, ses valeurs, ses composantes, ainsi qu’une appréhension saine de la réalité pour traiter ses maux à la lumière de ces vérités et d’une vision claire de la dynamique de l’Histoire et de ses mutations.

 

         Si cela se produisait, il serait possible de mettre le doigt sur les aspects luisants communs à l’Islam à même de reconstruire l’identité originelle. Il serait aussi possible d’adapter le comportement à cette identité dans la vie du Musulman, dans une société fière de la personnalité du Musulman sans contradiction, dans laquelle les actes seraient en harmonie avec le verbe, selon une logique spécifique à une optique d’un Islam fondé sur le juste milieu, la simplicité et la tolérance, refusant l’excès et l’extrémisme, spontané, équilibré, adapté à toutes les situations, conformément à l’intérêt du moment dont l’observance est l’un des piliers du droit islamique.

 

         Il n’y a d’autres solutions pour les Musulmans ayant vraiment la foi que de s’en remettre à Dieu et à Son Envoyé comme le laisse entendre le verset sur lequel se base notre exposé. Cela veut dire un retour aux sources de la Révélation : Le Saint Coran et la Sainte Tradition.

 

         Ce retour aux sources signifie leur appréhension d’une manière claire, c’est-à-dire sans trop ruminer ce qui manque d’intérêt dans la science vulgarisée et sans fausse interprétation, ni parti pris, ni excès.

 

         D’autre part, ce ressourcement n’est possible que s’il y a un dépassement du stade de l’imitation passive et conservatrice du fiqh vers un stade d’effort et d’innovation à la manière des imams jurisconsultes qui ont été à l’origine des doctrines auxquelles nous nous soumettons et dont nous sommes fiers à condition d’éviter l’immobilisme par leur essor innovateur, c’est-à-dire en gardant le champ libre pour l’expression de la différence.

 

         Dans ce contexte, les Ouléma et les jurisconsultes ne doivent pas rester dans leur tour d’ivoire en gardant le fiqh et le credo loin de la réalité globale vécue par les Musulmans et de leur désir de la changer, car ils recherchent aujourd’hui la place privilégiée qu’ils ont perdue, leur dignité qui est bafouée et enfin de compte la puissance qu’ils ont perdue après avoir oublié que celle-ci ne peut être que l’œuvre de Dieu :

 

         «Dis : “Dieu ! Souverain du Royaume : Tu donnes la royauté à qui tu veux et enlèves la royauté à qui tu veux. Tu honores qui tu veux et tu abaisses qui tu veux. Le bonheur est dans ta main, tu es en vérité puissant sur toute chose».

(La Famille de ‘Imrane III – 26)

 

         ‘Omar – Puisse Dieu être satisfait de lui – avait raison de dire : «Nous sommes un peuple que Dieu a honoré par l’Islam, si nous voulons la puissance – sans Dieu – il nous abaissera».

 

         Les Musulmans, Sire, affrontent aujourd’hui dans leur quête de la puissance des problèmes politiques, économiques, sociaux et culturels. Il y a en Islam de grandes valeurs éternelles qui arrivent à résoudre ce problème : la foi en Dieu, la piété, la justice, la bienfaisance, la tolérance, la paix, la connaissance mutuelle et d’autres valeurs citées dans plusieurs versets :

 

         «Oui, Dieu ordonne l’équité, la bienfaisance …».

                                                        (Les Abeilles XVI – 90)

 

         «Les croyants sont frères».   (Les Appartements privés XLIX – 10)

 

         «Ô vous les hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle. Nous vous avons constitués en peuples et en tribus pour que vous vous connaissiez entre vous».     (La Famille de ‘Imrane III – 103)

 

         Nombreux et connus sont les versets qui abondent dans ce sens – Sire ! Mais qui s’en inspire ? Qui s’efforce de les appliquer ? Qui tente de s’en armer pour réveiller les Musulmans de leur torpeur ? Pour les arracher à leurs divergences ? De les guider ensemble dans le droit chemin, celui que changera leur réalité et leur permettra de connaître une vie meilleure ?

 

         C’est là – Sire – un problème complexe nécessitant l’observance de trois axes :

 

-         D’abord, que la société Musulmane soit disposée à dépasser ses divergences ;

 

-         ensuite le savoir, qui est accessible aujourd’hui grâce à la communication intellectuelle ;

 

-         et enfin, l’Etat démocratique qui peut dans le cadre d’un compromis doctrinal et en fonction des exigences de la situation actuelle, trouver – à court ou à long terme – la forme politique et organisationnelle voulue.

 

         Cela pourrait être réalisable dans un premier temps si une institution intellectuelle et spirituelle réunit et son sein les éléments disparates. Son rôle consistera à atteindre à des conceptions et à des déductions communes à tous les Musulmans dont elle harmonisera les positions dans le but de concilier les vérités religieuses inspirées du Coran et les divers systèmes sociaux en cours. Ce qui exigera l’existence de mécanismes pour prendre l’essor sur des bases solides. Cela exigera aussi la création de modèles nouveaux et surtout l’existence d’un guide éclairé.

 

         Ce sont là des exigences apparemment difficiles à atteindre, mais leur réalisation paraît être une mission importante, dure et pleine d’embûches. Pour certains, elles peuvent paraître impossibles. Mais – sans aucune complaisance – Votre Majesté les surmontera aisément. Dieu, Sire, Vous a confié cette mission. Et Vous êtes à la tête des hommes chargés des affaires des Musulmans : Dirigeants et ouléma. Vous êtes un maillon de la chaîne des souverains alaouites. Vous êtes le descendant de l’Envoyé de Dieu, le Fidèle. Vous guidez un peuple, selon la Sainte Tradition, qui a témoigné de son amour aux saints descendants du Prophète depuis qu’il a accueilli Idriss 1er ; ce peuple qui n’a cessé de rapprocher les doctrines sunnites et chi’ites ne cesse de clamer son attachement à la famille du Prophète qu’exprime ce vers de al-Chafi’i – Puisse Dieu avoir son âme – conciliant tradition et chi’isme :

 

         «Si l’amour de la Famille du Prophète relève du Chi’isme rafidi, et bien que les jours et la nuit témoignent que je suis rafidi».

         Votre Majesté n’est pas sans savoir que le terme de «rafidi» désignait les Chi’ites en général et aussi ceux qui se sont opposés à Zayd Ibn ‘Ali pour sa position saine à l’égard des Compagnons du Prophète.

 

         Donc, les Marocains concilient une tendance à la tradition et une tendance au Chi’isme véritable conformément au vers de al-Chafi’i.

 

         Ainsi, il n’est pas surprenant que cette mission vous soit confiée car Votre Majesté a pris des initiatives multiples dans ce domaine. Il suffit de citer Votre appel de rapprocher Sunnites et Chi’ites en recevant en septembre 1990 les membres du Congrès de l’Eveil Islamique. Vous suivez de près ce rapprochement et Vous l’entourez de Votre sollicitude. Devrais-je rappeler Votre discours d’ouverture du dernier Sommet dans lequel Vous avez appelé à former une Commission Supérieure qui soit une référence dans les affaires islamiques. Elle fera connaître le vrai Islam, non altéré par des impuretés. Elle le débarrassera des rajouts qui s’y sont collés comme elle veillera à rapprocher les Musulmans entre eux en respectant les spécificités de chaque environnement et de chaque pas.

 

         Nous implorons Dieu d’exaucer ce vœu, Sire.

 

         Nous l’implorons de Vous soutenir par l’entremise d’hommes sincères et fidèles parmi les fils de cette nation et de Vous aider.

 

         Nous implorons le Très-Haut de Vous accorder le succès dans Votre mission de faire perdurer le consensus de la communauté autour de Votre personne et de Vous accorder la santé.

 

         Nous l’implorons de faire perdurer ses dons à l’intention de Votre Majesté.

 

         Puisse-t-Il Vous combler en la personne de S.A.R le Prince Héritier Sidi Mohamed, de Son Jeune frère S.A.R le Prince Moulay Rachid, ainsi que de toute la Famille Royale.

 

                   Qu’Il ait en Sa Miséricorde l’âme de S.M. le Roi Mohamed V, l’Imam, le Réformateur et le Combattant. Amen !

 

 

         Pour conclure, la parole est à Votre Majesté, Amir al-Mouminine.

 

«Dieu et Ses anges prient sur le Prophète ; ô vous qui croyez, priez et implorez le Salut de Dieu sur Lui !»

 

  «Louange à Toi, Dieu Tout-Puissant, Salut sur les Envoyés, et louange à Dieu, Seigneur des mondes».